Chroniques : We Are Bus Fare
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Pop 'n Cherries - août 2009

We believe in yourself and everything you do. Bus Fare is for everyone included me and you"
This is the way it ends.
Released in 6 days time on a 4-track recording and limited to 50 copies, Bus Fare is the latest side-project by Lo-fi goddess Julie - Lispector - in collaboration with Claire - Little Red / Little Red Lauter -, both dissident of the very influential Strasbourg label Herzfeld.
This is the way it's crafted.
Antic music samples, binary Casio beats, atonal mesmerizing voices, abrasive guitars & minimal keyboards sounds...a substantial and uncompromizing release !!!!
This is the way it had to be.
 
Magic - septembre2009

Nouvelle sortie du label Stay Hard Harry, le mini-album de Bus Fare lance de nouvelles pistes. Tous azimuts, de très petits sillons dérivent de la racine principale. Depuis 2004, le label a fait sa vocation du tout-lo-fi, grâce au concours d'un magnéto 4-pistes et d'une bouteille de Coca-Cola au format familial. Ils permettent aux groupes de tenir en studio à la maison, le temps de boucler un opus en forme de cadavre exquis. Car la rencontre et la collaboration des artistes sont ici le second mot d'ordre. Bus Fare est né avec l'amitié de Lispector et Little Red, et l'on décèle aussi bien la sensibilité mordante et décalée de l'une qu'un irrépressible penchant pour l'ombre chez l'autre. Au-delà du charme bricolé de ces ballades pop carrément de traviole, on tombe sur un instant de grâce, bien protégé entre ses parenthèses. C'est le moment décisif où l'on appuie sur "record", grisé par un souffle de liberté qui se fiche des canons du genre et des règles du goût. Un peu de boîte à rythmes, beaucoup d'effets sur un pauvre petit orgue électrique, quelques samples anachroniques et pas mal de bagout : les brides du morceau se rejoignent et s'entrechoquent avec une joie violente. Elles dansent le pogo avec ferveur, en talons aiguilles.
 

Plan-neuf - septembre 2009

Fly Girls


Lispector s’enferme une semaine dans sa cuisine en compagnie de Little Red. Résultat : l’exploration en sept morceaux de 20 ans d’indie hip-pop et une bonne occasion de réveiller Stay Hard Harry, micro label strasbourgeois trop longtemps endormi.

Petit retour en 2004. Juste après le magique premier concert de Loyola, on file claquer la fin de notre découvert autorisé à la table de marchandises des encore toutes jeunes gens d’Herzfeld, histoire d’attraper le premier EP de Loyola. Au passage, on choppe un mystérieux disque à la belle pochette blanche et noire, pliée main. La marchande nous décrit alors Little Red says Hi comme le disque de « Spide et une fille »… Suffisant pour nous convaincre d’acheter cette première sortie de Stay Hard Harry (SHH), tout nouveau label DIY créer par le toujours excellent Spide, Little Red, encore novice alors, et Cédric Hervé (graphiste et membre d’Enregistré Par Steve Albini). Le concept est simple : enregistrer avec un magnéto 4-pistes (unité esthétique) des morceaux écrits rapidement (unité de temps), le tout en seul et même endroit (unité de lieu). Ainsi, les 13 titres de Little Red says Hi furent composés et enregistrés en trois week-ends d’hiver, au cœur des montagnes vosgiennes par Little Red et Spide.

Dans la foulée de ce joli premier album intimiste, SHH sort un album solo de Spide enregistré dans la torpeur de l’été 2004. Même style et même classe que sur son premier album, Rodent (2002, Vergo records), musiques parrainées par les grands Américains, Elliot Smith, Will Oldham et Simon Joyner en tête, à quoi s’ajoute les meilleurs textes alors enregistrés par Spide. Ça parle d’ennui, de foutre et de filles qu’on n’a pas. C’est triste et poisseux, sec et lumineux comme un été de solitude dans une ville de province, et franchement, on n’avait pas entendu grand chose d’aussi cru et sincère depuis le Philophobia d’Arab Strap.

On se dit alors que oui, Stay Hard Harry pourrait bien être le pendant lo-fi et urgentiste d’Herzfeld, label pas spécialement connu pour sortir ses disques dans la précipitation. On y croit d’autant plus qu’un album bricolo et foutraque de Wong Rest aka Renaud Sachet (Buggy), est déjà dans la boîte à l’automne suivant. Mais voilà, chacun sa vie et les petits labels ont parfois autre chose à faire que sortir des disques… Le SHH003 ne voit pas le jour et se retrouve auréolé du titre de lost album, catégorie plutôt classe mais pas très écoutée.

Autant dire qu’on ne s’attendait pas vraiment à voir SHH sortir du trou où il semblait bien enterré. Pourtant, au début de l’été 2009, un mail balancé à 1.45 du mat’ nous invite à nous retrouver moins de 17 heures plus tard au Penty, petit rade du 11e arrondissement de Paris (demi à 1.90€, ouais ouais), pour la release party de la toute nouvelle sortie Stay Hard Harry : Bus Fare.

Derrière cet énigmatique patronyme se cachent deux super girls. Little Red, principale instigatrice de la remontée de sève d’Harry, et Lispector, meilleure songwriter française du monde depuis dix ans. Et si on retrouve le son cher à cette dernière, ces sept titres vont pas mal bousculer les habitudes de ceux qui suivent Little Red et ses pérégrinations (notamment au côté de Lauter) depuis un petit bout de temps. Fini le folk volontiers mélancolique. Little Red semble avoir découvert l’humour et la dérision. Ça donne un mini album cool et classe aux paroles débiles, dévoilant une obsession ridicule pour les Grimaldi (Never say never again), une sévère envie d’en découdre avec des b-boys (B-B Phenomenon), et une passion absolue pour le Yathzee. Yeah ! Le tout balancé avec des voix de p’tites branleuses nonchalantes plaquées sur une bande son bien lo-fi, enluminée de samples à la Prince Paul, et ne reniant jamais son héritage indie, You think you’re a man des Vaselines en ligne de mire.

Sept jours, sept nuits, et sept titres auront suffit à Bus Fare pour brasser tout ce qui nous a fait rire et chanter depuis 20 ans, de De La Soul à Flight of the Conchords en passant par le Beat Happenning et Daniel Johnston. Trankiles, Little Red et Lispector rejoignent les hip-pop girls de Buffalo Daughter et jouent, Air Jordan aux pieds et doigts dans le nez, dans la cour des grands. Royal.

NB : deux bonnes raisons de se réjouir : le “lost album” de Wong Rest, SHH003, devrait finalement voir le jour d’ici très peu de temps. Et un nouvel album de Bus Fare est déjà dans la boîte.